LA COOP AU SERVICE DE L’ART NUMERIQUE
Pour sa 13ème édition, le festival de l’Ososphère fait (re)découvrir au grand public l’Art numérique en s’établissant dans les bâtiments de la Coop du 7 au 16 décembre 2012. Une exposition impressionnante de trente-deux œuvres qui nous rappelle que l’Art est une création multiforme.
Les bâtiments de la Coop se composent de plusieurs blocs. L’un d’eux, ancien entrepôt à vins, incarne on ne peut mieux le fantôme industriel : trois étages au sol bétonné, murs de briques rouges, ascenseurs rouillés. Un espace immense, dénudé - à première vue - de vie quelconque. L’endroit idéal pour exposer l’Art qui découla de l’industrialisation.
Un espace mit en valeurPlusieurs œuvres ont usé de l’espace de manière intelligente. Ainsi, Jean-François Laporte investie la salle bleue des machines (notamment entrepôt des cuves à vins) avec ses deux œuvres complémentaires Tremblement de Mer « Mutation » et The Floating Project. Des vibrations qui se répercutent sur des toiles de tôles, projetant ainsi dans l’espace un son inquiétant, à interprétation libre : un bateau qui coule, une ville qui se transforme, etc. Est-ce la couleur bleu, est-ce la forme étrange de cette salle aux aspects de navette spatiale ou bien les sons répercutés qui mettent le spectateur en état d’hypnose ? Interrogation qui fait appel à la sensibilité de chacun : c’est bel et bien de l’Art qui nous présente l’artiste au-delà d’un phénomène physique.
Si l’on se rend au troisième étage, en rencontre une autre mise en espace intéressante : Jean-Michel Albert et Ashley Fure se sont servis d’une salle entièrement coupée de la lumière au fond du bâtiment pour leur Tripwire : des cordes lumineuses mises en rotation afin de simuler le mouvement des ondes, donnant le sentiment d’être devant un écran géant, alors qu’il n’y a rien de plus concret.
Art, Science et SociétéLa plupart de ces œuvres lient aussi bien l’Art, la Science et la Société. Disons que c’est la Science au service de l’Art (et inversement) dans l’environnement urbain. L’exemple le plus frappant est The Tenth Sentiment de Ryota Kuwakubo : l’on pénètre dans une petite pièce coupée de toutes lumières et dans laquelle se trouve un petit train. La lumière avant de ce train illumine divers objets posés aux alentours des rails : cubes en bois, passoir, figurines, etc. La lumière projetée sur ces objets reflète leur ombre sur les murs. Nous voilà parti pour un voyage ombragé dans un air urbain moderne : éoliennes, forêts, villes… Une œuvre fascinante dont on ne se lasse pas. Autre exemple, le Locustream Promenade de Locus Sonus. Cinq sortes d’abat-jours accrochés au plafond, qui nous immerge dans une ville à l’autre bout du monde grâce à des capteurs sonores qui y sont placés et qui sont véhiculés grâce à Internet. On entend les sonorités urbaines de New York ou bien d’une ville en Amérique Latine, et c’est bien ce qui nous impressionne : la difficulté de la distance semble avoir disparu grâce à l’Art numérique. Œuvre étrange qui nous replonge dans le passé, avant que l’île d’Hashima ne soit irradié, c’est celle d’Aurélien Vernhes-Lermusiaux, avec Empire. Devant le spectateur, un écran avec des images de bâtiments en ruines. Si l’on passe devant, les bâtiments se reconstruisent. Un phénomène qui laisse songeur, et dont on a du mal à saisir le fonctionnement alors que l’acte en lui-même, celui de reconstruction (ou de retour dans le passé), est très fort.
Une immersion totaleL’un des principes fondamentaux de l’Art numérique, c’est celui de l’immersion totale du spectateur. A l’Ososphère, rares sont les œuvres qui n’impliquent pas le spectateur. Physiquement, il y a l’immersion au sens propre du terme dans le Signal To Noise de Lab[au] : on entre dans un cercle tapissé de lettres blanches qui changent au bout de plusieurs secondes. Lorsqu’elles s’arrêtent, il se peut qu’elles forment ensemble un mot, apparaissant alors en rouge. Autre immersion, celle créée par Adelin Schweitzer, Simstim. On se couche dans un hamac, on met une sorte de paire de lunettes qui nous projettent un parcours dans les rues d’une ville avec l’ambiance sonore qui s’y apparente. Le spectateur est parti pour une promenade on ne peut plus réaliste.
==>La Coop héberge donc tout un éventail d’Art numérique, touchant tout public et qui réconcilie Art et Science. Une expérience à découvrir pour se réinventer l’Art ou la Science dans un univers moderne, touchant aux questions de société tout en brisant le quatrième mur entre œuvre et spectateur.
Le 11 décembre 2012
Strasbourg
Y-a-t'il un de nos Strasbourgeois ici présent qui ait vu l'expo??